La
tension nécessaire.
Entre
universalité et localité des savoirs scientifiques,
Amy
Dahan
J'ai construit
cette brève contribution autour de l'énoncé d'une
thèse principale et d'une série de remarques qui l'explicitent
et résument, le plus clairement possible je l'espère, la
position que j'entends soutenir ici. Ces remarques mériteraient
d'être développées et illustrées d'exemples
variés. La thèse est la suivante :
Quand on parle aujourd'hui de sciences, de savoirs scientifiques ou de
modèles de connaissance -(j'utilise un pluriel que la suite du
texte devrait d'autant plus justifier)-, on doit reconnaître, à
mon avis, une tension essentielle, dans laquelle nous sommes obligés
de vivre et d'agir, entre deux pôles ayant chacun leur légitimité
: d'un côté, le caractère nécessairement situé,
éclaté, local et pluriel des savoirs et des modèles
de connaissances, de l'autre, le pôle de l'universalité,
qui se nourrit à la fois des idées spontanées d'objectivité
et d'uniforme efficacité des sciences et des techniques et de l'aspiration
à une communication immédiate et totale des savoirs que
renforcent davantage encore les outils technologiques actuels. L'universalité
doit se formuler plutôt comme un désir d'universalité,
conçu comme un idéal toujours redéfini et jamais
atteint.
Cette thèse a évidemment des présupposés et
des conséquences philosophiques qui apparaîtront en s'arrêtant
sur chacun de ces pôles. Pourtant, s'il m'apparaît que l'ignorance
de l'un quelconque des deux aspects mentionnés est porteuse de
distorsions graves, ce n'est pas tant au niveau philosophique ou conceptuel
qu'au niveau politique et culturel, au niveau de la perception des sciences
et de la techno-science par le public. Or, nous avons toujours et plus
que jamais besoin que se développe largement une fonction critique
des sciences et des modèles de connaissance, comme des modalités
concrètes de leur passage aux réalisations sociales. Reconnaître
cette tension entre le spécifique et l'universel, en clarifier
les modalités, c'est mieux définir l'espace et les règles
du débat critique autour des sciences et de la technoscience, les
illusions que celles-ci suscitent et les rejets qu'elles provoquent.
Revenons sur le caractère pluriel et local des savoirs scientifiques
et sur les étapes par lesquelles est advenue la conscience de cette
localité.
Du temps
des sciences
Depuis assez
longtemps, le caractère d'historicité des sciences est communément
admis par les scientifiques et par les philosophes des sciences, que ceux-ci
se réclament ou non d'une position de rationalité progressive
et d'intelligibilité croissante des théories scientifiques.
Les années 1920, marquées par la double rupture avec la
théorie de Newton que représentent les théories de
la relativité d'Einstein et la mécanique quantique, sont
sans doute déterminantes dans la manière irréversible
dont est advenue cette historicité. Une telle idée est désormais
banale dans les publics les plus profanes. Évidemment, la situation
des disciplines à cet égard est diverse : les mathématiques
diffèrent de l'histoire naturelle, la physique diffère d'une
science sociale comme l'économie, etc., et à l'intérieur
de chaque discipline, le rapport à l'historicité n'est pas
uniforme. L'historicité de la physique est acquise à un
certain niveau - celui des théories -, mais s'accompagne, toutefois,
d'une métaphysique réaliste de sens commun, très
profondément ancrée qui répugne à l'idée
de variations dans l'histoire. Ainsi, on considérera communément
que les théories (lumière ou chaleur...) ne sont pas immuables
mais que les lois, elles ont, en revanche, un caractère intrinsèque
et atemporel (lois de Maxwell, par exemple).
Pendant très longtemps, il fut admis que le rapport des mathématiques
à l'historicité était tout à fait spécifique,
un résultat démontré l'étant pour toujours.
On sait aujourd'hui que cette affirmation ne tient pas. La rigueur des
démonstrations a un caractère d'historicité, et ce
qui est considéré comme bien établi à un époque
peut ne plus s'avérer tel quelques décennies ou siècles
plus tard : des contre-exemples ou des pathologies sont brandis sans compter
le fait que l'architecture même du corpus mathématique est
loin d'être immuable dans l'histoire. Des uvres comme celles
d'Euler au milieu du XVIIIe siècle, de Hilbert au début
du XXe ou encore de Bourbaki dans les années 1940 et 1950, se caractérisent
par les bouleversements d'architecture de l'édifice des mathématiques
qu'elles ont opérés. Plus récemment, la montée
en puissance de disciplines scientifiques proprement historiques, comme
la théorie de l'évolution, la géologie, la théorie
du big-bang ou celle des origines de la vie, a accentué l'intégration
de la variable temps (changement temporel) dans le champ de réflexion
et d'analyse des sciences et des modèles de la connaissance scientifique.
à
leurs espaces
Si elle a
communément admis l'historicité fondamentale des savoirs
scientifiques, la philosophie des sciences - ou du moins ses tendances
les plus hégémoniques - tient pour allant de soi l'universalité
et l'unité (voire l'unicité) de la science et de sa méthode.
Cette position épistémologique implicite a eu pour conséquence
de privilégier une seule discipline (la physique) pour penser toutes
les sciences, une tradition culturelle, la tradition occidentale (en particulier
la science grecque et la tradition qui en est héritière),
pour représenter et penser toute la science, de mettre l'accent
sur quelques valeurs (abstraction, généralité, purisme...)
au détriment d'autres valeurs (concret, pragmatique, opératoire
)
pour caractériser les seules valeurs positives dans la pratique
des sciences.
Le point de vue que l'on peut appeler de la " construction sociale
" des sciences, qui s'est développé à partir
des années 1970 (mais dont une origine peut être rapportée
à Thomas Kuhn), a permis d'aller bien au-delà dans la pluralisation
des sciences ; non seulement, il reconnaît l'historicité
des savoirs mais il insiste sur le processus d'interactions sociales et
culturelles (historiques, elles aussi) aboutissant à telle ou telle
théorie, concept ou modèle. Il a mis en évidence
la difficulté de séparer les aspects cognitifs et humains
(ou sociaux) des constructions scientifiques, y compris portant sur des
questions relatives aux sciences de la nature.
En étudiant les controverses, la concurrence de théories
ou la coexistence d'approches hétérogènes dans une
même temporalité, en mettant, de surcroît, l'accent,
non sur les seules constructions théoriques mais sur les pratiques
matérielles, instrumentales et expérimentales, le développement
de ce point de vue a souligné des spécificités dans
des espaces bien localisés, spécificités dues à
des configurations géographiques, culturelles, politiques, et aussi
à différentes logiques d'action de communautés humaines
(les scientifiques, qui constituent rarement de groupes homogènes,
mais aussi d'autres partenaires). Cette attention des historiens aux configurations
locales et spécifiques a permis d'exhiber simultanément
des aspects de communication et d'universalisation relevant de l'autre
pôle. Par exemple, on assiste à la fin du XIXe siècle
à un double mouvement de constitution d'écoles ou de traditions
nationales d'une part, d'internationalisation ou d'unification des sciences
d'autre part. En bref, c'est la variable d'espace qui, cette fois, s'est
introduite massivement dans le champ de réflexion des sciences.
Un deuxième domaine de recherches sur les sciences a contribué
à la prise en compte, avec une importance nouvelle, de cette variable
d'espace, par l'analyse des espaces géographiques et nationaux
et la prise en compte des distances entre aires culturelles et civilisationnelles
: le champ dit " Sciences et Empire ". Ce dernier a d'abord
exploré le mouvement d'extension des sciences, des centres vers
la périphérie, pour s'intéresser ensuite, de manière
encore plus novatrice, à l'interaction des savoirs et savoir-faire
européens et asiatiques (ou latino-américains) et, enfin,
étudier la contribution de cette interaction culturelle à
l'émergence des sciences et des sociétés modernes.
D'autres aires linguistiques distinctes ont été l'objet
de recherches actives : science arabe, science chinoise, etc.
Science et
métascience
De nos jours,
on assiste à une multiplicité croissante des discours sur
les sciences, ce que Steve Shapin a nommé des " discours métascientifiques
". En fait, cette multiplicité n'est pas franchement nouvelle.
Les scientifiques ont constamment traduit dans d'autres registres leurs
résultats, traversant eux-mêmes la frontière de leurs
compétences. Non seulement, ils ont toujours mélangé
travail technique et commentaire, uvre spécifique et essai
de compréhension plus large, rigueur et fluidité de la langue
; et depuis longtemps, leurs écrits se différencient souvent
selon leurs destinataires : pairs, disciples, générations
à venir, auditoires profanes atteints par des médias de
différente nature. On ne peut pas s'étonner de l'extrême
variabilité des assertions métascientifiques des scientifiques
sur la science dans son ensemble, dans la mesure où toute formulation
métascientifique systématique et cohérente, d'ordre
méthodologique ou conceptuel, serait censée capturer l'unité
de la science et en exprimer l'essence. Or, aucune formulation de cette
sorte n'a jamais, dans l'histoire, été tenue pour vraie
par les scientifiques unanimes, aucune n'a de chances de l'être
aujourd'hui et donc d'être adoptée. Alors que le rêve
de l'unité de la science ne cesse de se dissoudre dans la diversité
concrète des pratiques et des savoirs, comment imaginer qu'une
seule assertion métascientifique puisse s'appliquer à la
fois à la physique des particules élémentaires (des
années 1970), aux classifications des espèces naturelles
du XVIIIe siècle, à la physiologie des mammifères
marins, aux modélisateurs du climat, à la science des ordinateurs,
etc. Et je n'évoque ici que l'univers des sciences de la nature
et de la vie, et non pas celui des sciences humaines et sociales.
Cette énorme sédimentation de niveaux de discours différents
(historique, épistémologique, de transmission, de vulgarisation,
etc.) produit un spectre continu et multiple de discours où se
mêlent intimement science et métascience. Cette situation
déjà ancienne a pris une ampleur inégalée
dans la deuxième moitié du XXe siècle, et tout particulièrement
ces dernières années. Elle semble faire partie de la vie
même des sciences. La reconnaissance de cette diversité des
assertions métascientifiques prive la relation entre science et
métascience de tout caractère nécessaire ou universel.
Dans chaque cas, le lien doit être appréhendé dans
sa spécificité et sa dimension contingente.
L'unité
perdue
L'unité
de la science faisait partie de l'héritage méthodologique
de la modernité, legs, sinon des pères fondateurs de la
science du XVIIe siècle, du moins de l'historiographie qui a été
dominante à son propos. Cette unité disparue de la science,
et le fait qu'en perdant son unité, la science ait également
perdu sa capacité à proposer une image unitaire du monde,
est à l'origine de la destruction d'un rêve de compréhension
fondamentalement cohérente et de maîtrise du monde ; c'est
une chute hors du paradis. Est-ce la cause principale du rejet de la science,
de sa perte de crédibilité ? C'est le point de vue qu'avance
notamment l'historien des sciences Giorgio Israel. Personnellement, je
tiens les rejets de la science ou les brouillages de son image, comme
étant directement associés à la puissance opérationnelle
sans contrôle des technosciences ; je crois, en revanche, les idées
de pluralité et d'éclatement, principalement bénéfiques,
car participant de la démystification souhaitable des pouvoirs
de la science.
La coupure la plus importante est le clivage sciences de la nature/sciences
de l'homme et de la société. Comme nous le rappelait récemment
Hervé Le Bras (à la suite de Michel Foucault), ce qui a
rendu pensable l'idée de sciences de l'homme et de la société,
c'est :
a) l'apparition d'une fonction politique de la science. L'instauration
des États modernes en Occident au XVIIe siècle a permis
la création d'un espace politique des sciences sociales ; celles-ci
vont se constituer principalement sur une base nationale : l'économie
avec Adam Smith et Malthus, la science politique avec les idéologues
ou Tocqueville, la sociologie avec Marcel Mauss ou Durkheim.
b) le renoncement à une théorie générale du
sujet, acquis de la philosophie des Lumières, qui permet à
chaque science sociale de se distinguer des autres et de se fonder sur
une définition propre de l'individu. À cet égard,
la retraite durable de la psychologie du sens est, comme l'écrit
Le Bras, un moment essentiel conduisant à terme à traiter
les faits humains (et non pas seulement, pour paraphraser Durkheim, les
faits sociaux) comme des choses et ouvrant la voie à la psychologie
expérimentale, puis à l'anthropologie. L'espoir d'une théorie
scientifique de la subjectivité a été abandonné
parce que cette dernière ne pouvait être mesurable ou mathématisable.
Le modèle des sciences de la nature s'est alors transféré
au premier noyau des sciences sociales (économie, sociologie, et
science politique), avec l'usage des mathématiques comme condition
et signe de scientificité.
La montée en puissance de toutes ces disciplines des sciences humaines
et sociales et leur institutionalisation se sont accompagnées dans
la première moitié du XXe siècle, d'une diversification
des points de vue d'ensemble sur les sociétés, d'une certaine
balkanisation. Les principaux facteurs d'unité ou d'unification
qui ont émergé après la seconde guerre mondiale sont
de deux ordres :
a) l'usage des mathématiques, considéré toujours
comme un gage de scientificité, mais aussi comme le langage neutre
par excellence, universel et opérationnel à la fois. De
plus, avec l'avènement de la pensée calculante dans les
années 1950 (ordinateur, modèle du cerveau de von Neumann,
etc.), le réductionnisme logico-mathématique fait une offensive
sans précédent
b) l'unité du regard, apporté notamment par l'anthropologie,
est un facteur d'unification. L'anthropologie, comme l'économie
ou la science politique, mais aussi des disciplines plus récentes
qui enjambent les frontières entre sciences de la nature et sciences
sociales (climatologie, écologie, etc.) ont sans nul doute contribué
à la vision politique du monde dans sa globalité, de la
Terre une et indivisible. Aujourd'hui, la mondialisation économique
et les nouvelles technologies de l'information et de la communication
(internet) ont considérablement rétréci la Terre,
et peuvent sécréter l'illusion d'une universalité
et d'une transparence immédiate des savoirs et des modèles
scientifiques.
Les deux facteurs précédents doivent être considérés
avec beaucoup de circonspection. La mathématisation extrême
de l'économie est l'objet de très vives critiques et n'a
pas changé de manière tangible ses qualités prédictives
et la puissance opérationnelle de cette discipline ; sans parler
des tentatives d'introduire les structures mathématiques en anthropologie,
ou bien les formalismes de la théorie des jeux en science politique,
qui sont, peu ou prou, des échecs. Les pratiques de modélisations
mathématiques se sont répandues dans des champs disciplinaires
très variés : sciences sociales et humaines, domaines hybrides
entre sciences de la nature et sciences de l'ingénieur (un exemple
récent est la gestion des ressources), entre sciences de l'organisation
et sciences humaines (par exemple, l'analyse des systèmes), en
sciences de la vie (génétique des populations) ; mais cette
approche méthodologique, pour commune qu'elle soit, n'entraîne
en aucune façon la négation des spécificités
ou ne garantit pas pour autant une scientificité universelle. Il
est essentiel du point de vue démocratique, pour une bonne appréhension
critique des savoirs scientifiques, d'avoir conscience qu'un modèle
(en écologie, économie, démographie, sciences de
l'environnement ou sciences de l'ingénieur, etc.) peut contenir
beaucoup de mathématiques, être rigoureux dans sa syntaxe
formelle, sans que ceci épuise les autres niveaux où il
doit être appréhendé : le niveau sémantique
de la signification des formalismes et de leur interprétation ;
et enfin, le niveau pragmatique , car, quelle que soit sa rigueur, un
modèle n'en répond pas moins à un objectif précis,
des usages, et, de ce point de vue, il n'a pas de neutralité épistémique.
Quant au second élément d'unification (unité de regard),
il ne faut pas oublier que le point de vue qui y préside est généralement
celui des plus puissants (homme blanc, mâle, riche et bien portant,
comme on dit). En fait, les discussions sur l'unité du genre humain,
sur les identités et les cultures, sur l'action politique et économique
ont été autant nourries par une pensée comme celle
de John Rawls (en particulier, sa Théorie de la Justice) que par
n'importe quelle autre critique venue de l'intérieur des sciences
sociales.
L'universalité,
mythe ou horizon ?
Je serai
plus brève en ce qui concerne l'idéal d'universalité.
Il est, en effet, beaucoup plus simple d'admettre dans nos sociétés
occidentales qu'il nous faut chercher à construire de l'universel,
du communicable, que ceci est un idéal souhaitable vers lequel
il nous faut tendre, plutôt que d'en rester aux différences,
à l'exaltation des particularismes, aux spécificités,
à l'attachement immuable aux origines. Dans d'autres contextes
politiques ou géographiques, cet aspect peut devenir un enjeu majeur
de lutte politique. En effet, toutes les sociétés autoritaires
ou rétrogrades ont cultivé et exacerbé pour elles-mêmes
les particularismes et les traditions locales de savoirs, en les associant
à des politiques d'exclusion des autres traditions ou savoirs spécifiques.
Ces sociétés et leurs pouvoirs ont toujours cherché
à construire des barrières les préservant d'autres
savoirs scientifiques que les leurs. On peut mentionner le régime
nazi et sa haine de la physique dite " juive ", le régime
soviétique et sa lutte contre la génétique (affaire
Lyssenko), certains pays islamistes qui interdisent l'enseignement de
disciplines jugées incompatibles avec leurs croyances.
L'idéologie scientiste a toujours privilégié les
valeurs de généralité uniforme et d'universalité
des sciences. Ma position est d'affirmer que l'universalisme est un idéal
toujours recommencé et jamais atteint, qu'il définit une
direction d'actions et d'efforts, intellectuels, cognitifs, politiques
; ces derniers doivent présupposer la reconnaissance et l'identification
des singularités et des ancrages locaux, sous peine de rester lettre
morte.
Cela peut
sembler abstrait, mais en fait, ne l'est pas. Je citerai pour terminer
quelques exemples inscrits à dessein dans l'espace social. Le premier
porte sur les statistiques sociales. La méthodologie statistique
est continuellement tendue entre deux présupposés : l'un
réaliste, qui postule que les objets et leur statistique vraie,
quoique inconnue, existent antérieurement aux procédés
de mesure, et dans ce cas, on parle souvent d'erreurs ou de biais (des
exemples peuvent être la mortalité comme le chômage)
; l'autre constructiviste, selon lequel le résultat d'une opération
de mesure dépend de la procédure elle-même. Fabriquer
un espace de commune mesure, harmoniser les usages, implique alors une
harmonisation des méthodes. L'universalité n'est donc pas
donnée d'emblée, elle est à construire à partir
de la mise à plat des méthodologies statistiques des différents
pays et de la confrontation des approches locales. Ceci est également
vrai pour les statistiques médicales et, plus généralement,
des sciences biomédicales. Mon dernier exemple concerne les questions
de transmission des sciences ou de l'enseignement (à distance ou
non) des sciences. Si l'on ne prend pas en compte les dimensions locales
et spécifiques des savoirs (traditions, cultures, questions linguistiques),
il semble illusoire de réfléchir sérieusement aux
conditions d'apprentissage et d'appropriation des sciences. L'universalité,
si elle n'est pas construite, risque de rester à l'état
de mythe.
Enfin je
conclurai en notant qu'admettre la pluralité de situations, tant
épistémologiques que sociales et institutionnelles, des
champs disciplinaires de savoirs est essentiel pour sauvegarder les chances
que s'épanouissent cent fleurs
Si bien que, de nos jours,
toute représentation des sciences est indissociable d'une politique
de la science, et vice-versa.
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